Jacques Lenot invite à découvrir la genèse d’œuvres essentielles de son répertoire, à travers le récit d’anecdotes inédites sur ses inspirations.
Beau calme nu
Editions Amphion ; Flûte seule – 1973
« C’est après une série de séjours au Festival de Salzbourg, à Vienne et Graz puis au Festival Automne de Varsovie que je rencontrai le nouveau directeur du Festival de Royan à Venise, au Théâtre de la Fenice et qu’il me commanda pas moins de quatre œuvres pour son festival 1974, dont un solo de flûte pour l’instrumentiste dont on commençait à parler alors : Pierre-Yves Artaud. Lisant beaucoup Pierre-Jean Jouve, j’inventai un titre à partir de plusieurs vers des Noces et de Diadèmes, pour créer cette première pièce emblématique de ma musique : virtuose, lyrique, sur un ton légendaire, lointain et mystérieux… »
Cités de la nuit
OPE 032 ; Piano seul – 1981
« Alors que je vivais à Fiumicino, entre l’aéroport Leonardo da Vinci de Rome et le terrain vague d’Ostia où fut assassiné Pier-Paolo Pasolini en 1975, cette pièce difficile oscille entre virtuosité extravagante et étrangeté. »
We approach the sea
Version II OPE 088 ; Piano seul – 1982
« Un peu dans l’esprit d’un tableau « tryptique marin », l’archaïsme volontaire du titre cache une mélancolie extrême entrecoupée de traits pianistiques extrêmement virtuoses. »
Un déchaînement si prolongé de la grâce
Nouvelle version OPE 134 ; Opéra de chambre – 1983-1986
« L’admiration que nous portions Jean-Pierre Derrien et moi au chanteur Haute-contre Henri Ledroit nous a portés à écrire ces « trois caprices » pour lui, entouré de douze voix solistes et d’un quatuor à cordes jouant dans un tempo différent. Œuvre insolite, décalée, parfois pleine de dérision prémonitoire des années-sida…»
J’étais dans ma maison et j’attendais que le nuit vienne
OPE 061 ; Opéra – 2002-2003
« Ces mêmes années-sida qui ont emporté Jean-Luc Lagarce, dont j’ai pu adapter la pièce de même titre, où il m’a semblé nécessaire d’écrire une « commémoration » autour d’un jeune homme qui revient mourir chez ses parents et que l’on ne voit pas mais dont on parle, jusqu’au vertige du radotage et de la litanie funèbre. »
Chiaroscuro
OPE 029 ; Piano et orchestre – 2006
« Pour honorer le merveilleux Winston Choi, unique pianiste à oser mettre toutes ses forces dans « l’exhumation » de mes innombrables pièces dédiées à « mon » instrument, cette œuvre se souvient de l’extinction de la couleur et de la lumière dans l’œuvre du peintre Mark Rothko dont je venais de découvrir la rétrospective au musée d’art moderne de Hambourg. »
Il y a
OPE 075 ; Installation sonore IRCAM – 2006-2009
« La révélation et la sensation spatiale d’un poudroiement sonore ressenties un midi de juillet assis sur une stèle saccagée du cimetière juif de la Schönhauser Allee de Berlin… »
Isis & Osiris
OPE 106 ; Installation sonore IRCAM et Septuor à vent – 2009-2013
« Poursuite et extension des mêmes poudroiements, mais avec le poême prétexte de Robert Musil et son atmosphère incestueuse érotico-légendaire, accompagnée d’un septuor instrumental où un hautbois d’amour, un cor de basset et une trompette entrelacent leurs traits virtuoses. »
Quatuor à cordes N°VII
OPE 120 ; 2012-2013
« A propos et autour des quarante deux dernières lettres de Robert Walser, alors qu’il est interné depuis vingt-six ans, une musique presque arrêtée, inerte, voire minimaliste et volontairement inexpressive, soudain terriblement exaltée, extravagante. »